Édition critique d’Alessandra Orlandini Carcreff, Presses universitaires de Provence, 2022, Collection : Textuelles
« À Mme Léonie / On voit en vous, pur rayon, / La grâce à la force unie, / Votre nom, traduction / De votre double génie, / Commence comme lion, / Et finit comme harmonie. »
Voici Léonie d’Aunet, voici la femme qu’à 19 ans traversa l’océan Arctique pour atteindre le Spitzberg et qui, quelques années plus tard, ravît le cœur de Victor Hugo, qui lui écrivit ces lignes.
Ceci est le récit de son aventure dans le Grand Nord, l’aventure moderne d’une femme moderne.
En 1839, à 19 ans, Léonie d’Aunet devint la première voyageuse française à avoir dépassé le Cercle polaire arctique, pour atteindre le Spitzberg, les îles Svalbard, selon la dénomination actuelle. Elle partit avec son époux, le peintre François Biard, pour suivre l’expédition de la Commission scientifique du Nord, dirigée par le naturaliste Paul Gaimard.
Le Voyage d’une femme au Spitzberg est un texte très précieux pour la vulgarisation des connaissances nordiques. En effet, il n’est pas seulement un récit très agréable à lire encore aujourd’hui, marqué d’un style coquet, pétillant et très ironique, mais les informations que son auteur donne sur des aspects pratiques de l’organisation d’un voyage aux terres nordiques sont totalement inexistantes dans les récits de son époque.
Léonie d’Aunet alterne des passages drôles et chargés d’humour à des paragraphes dont le style s’inspire de la crème des plumes de son époque, qu’elle recevait dans son salon du 8 place Vendôme : Balzac, Hugo, Lamartine, Gautier, Du Camp. Ce sera ce dernier qui l’incitera à écrire dans la Revue de Paris, pour se maintenir économiquement une fois sortie de prison : oui, parce que Léonie d’Aunet, Mme Biard, fut la maîtresse de Victor Hugo jusqu’en 1845, quand elle fut prise en flagrant délit d’adultère. Elle connut donc les cellules de Saint-Lazare, tandis que le grand écrivain échappa à toute condamnation car Pair de France. Les chroniques de mode et les romans de Léonie d’Aunet eurent du succès, mais en 1854 elle publia le Voyage d’une femme au Spitzberg et ce fut un véritable succès littéraire.
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Alessandra Orlandini Carcreff a étudié à l’Université de Bologne et est docteur de recherche en Littérature française et comparée de l’Université Paris-Sorbonne. Spécialiste de la littérature de voyage, elle participe régulièrement à des colloques et à des conférences au niveau international et a édité une trentaine de publications sur le voyage dans les pays de l’Europe du Nord (Laponie et Finlande en particulier), à partir du e siècle jusqu’à la fin du e siècle. Ses recherches se tournent également vers la culture traditionnelle finno- ougrienne, vers la mythologie et les épopées nordiques.
Elle est auteur de Chants du chamanisme boréal (LiberFaber, 2022), Chamanismes (LiberFaber, 2019), Au pays des vendeurs de vent. Voyager en Laponie et en Finlande. XVe-XIXe siècle (Presses universitaires de Provence, 2017) et Voyage en Laponie et en Finlande/Viaggio in Lapponia e in Finlandia (1431-1898) (LiberFaber, 2014).
Table des matières
Léonie d’Aunet. L’aventure moderne d’une femme moderne
« La grâce à la force unie »
Voyage d’une femme au Spitzberg, trois concepts à définir
« Voyage » vs « tour »
Femme et Parisienne
« Là où la terre nous manqua »
Le style et la rhétorique du pittoresque
Note sur l’édition critique du Voyage d’une femme au Spitzberg
Bibliographie
Léonie d’Aunet, Voyage d’une femme au Spitzberg
Lettre première
Lettre II. Christiania
Lettre III. Drontheim
Lettre IV. Hammerfest
Lettre V. Les Lapons
Lettre VI. Le Spitzberg
Lettre VII. Mattaringuy
Lettre VIII. La Finlande
Lettre IX. La Suède orientale — La Prusse